Octobre 2024 – Et pour nous, une mère…
“C’est par des liens d’une tendresse tout humaine et des liens d’amour que je le conduisais, et j’ai été pour lui comme quelqu’un qui porte un nourrisson contre ses joues pour lui tendre à manger. ” Osée 11. 4
“ Une femme oublie-t-elle l’enfant qu’elle nourrit ? Cesse-t-elle d’aimer l’enfant qu’elle a conçu ? Et même si les mères oubliaient leurs enfants, je ne t’oublierai pas !” Esaïe 49. 15
Une image vaut mille mots, nous en sommes tous conscients. Ce n’est pas une vérité issue des réseaux sociaux puisque cette phrase est attribuée à Confucius[1]. Mais les images, comme les mots, peuvent aussi être source de confusion. Pour nous les humains, irrémédiablement englués dans l’espace et le temps, concevoir un Dieu qui est un pur esprit demande un effort considérable. Les différents écrivains des livres qui constituent la bibliothèque appelée “la Bible”, ont dans leur culture et leur époque, utilisé des métaphores pour nous permettre d’appréhender certaines caractéristiques de cet invisible créateur. Ils ont ainsi parlé de ses yeux, de ses mains, de ses pieds, de son cœur… et l’essentiel de ces anthropomorphismes[2] dépeint Dieu comme un homme. Le fait que le Christ nous le présente comme “son Père”, a encore accentué cette perception, pourtant il affirme sans ambiguïté que Dieu est Esprit[3].
Cet imaginaire d’un Dieu masculin, parfois guerrier et vindicatif, peut éclipser d’autres images cependant bien présentes dans les Écritures. C’est ainsi que le prophète Esaïe présente Dieu comme une mère qui met son enfant au sein pour le consoler[4]. Le Christ, pour sa part, évoque une poule qui désire rassembler ses poussins sous ses ailes…[5]
Évidemment, Dieu n’est pas plus une femme qu’un homme. Mais ce déséquilibre dans nos représentations mentales peut nous amener à passer à côté de sa tendresse, de son affection maternelle. Il n’est pas seulement celui qui “combat pour nous”, mais aussi celui qui désire nous envelopper d’une bienveillance protectrice, rassurante et pleine de douceur.
Sa sollicitude envers nous est tellement grande qu’elle dépasse la réalité — pourtant éclatante — de l’amour maternel : “même si une mère oubliait son enfant, moi je ne t’oublierai pas…”
C’est un apprentissage — plus ou moins facile selon nos personnalités et notre vécu en tant qu’enfant — mais il me semble que nous devrions apprendre à nous laisser choyer par “le côté maternel” de notre Dieu.
N’oublions pas que l’équilibre pour lui n’est pas dans l’eau tiède, mais dans la cohabitation du glacé et du brulant, un double 100 %. Il est l’alpha et l’oméga, Fils de l’Homme et Fils de Dieu, le lion et l’agneau, le plus fort et le plus faible, un père et une mère pour nous ses enfants. Ces vérités faussement antagonistes coexistent en lui dans toute leur plénitude. Nous pouvons puiser dans l’une et dans l’autre, sans qu’elles se neutralisent ou s’amoindrissent.
Avec l’arrivée de l’automne, nous retrouvons le plaisir de nous blottir au coin du feu, emmitouflés dans un plaid bien doux, une tasse brulante à portée de main…
Accordons la même bienveillance à nos âmes !
Nous vivons dans un monde difficile, souvent glacial, dur et blessant. Nous ne l’avons pas choisi et nous ne pouvons y échapper. Mais accueillons la tendresse maternelle de Dieu qui désire nous envelopper et nous serrer contre son cœur. Laissons-le nous attirer par des cordages d’amour, jusqu’à ce que notre tête repose sur son sein.
Et puis cet amour maternel, s’il nous atteint, peut être transmis plus loin. Paul, que personne n’oserait qualifier de délicat ou hyper sensible, n’a pas de pudeur mal placée lorsqu’il écrit aux disciples de la ville de Philippe : “Dieu m’est témoin que je vous chéris tous avec la tendresse du Christ.” [6]
Je vais laisser le prophète Esaïe conclure cette petite pensée : ‘vous téterez et serez rassasiés du sein de ses consolations, vous serez portés sur les bras et caressés sur les genoux. Comme quelqu’un que sa mère console, ainsi moi, je vous consolerai et vous serez consolés.4’
En vous souhaitant un automne douillet, lovés dans la tendresse du Christ,
Philip
[1] Philosophe chinois ayant vécu au 5° siècle avant JC.
[2] Tendance à concevoir la divinité à l’image de l’être humain, à accorder des qualités, des réactions humaines à des animaux, à des choses ou à des phénomènes.
[3] Jean 4.24
[4] Esaïe 66. 10-13
[5] Luc 13. 34
[6] Philippiens 1. 8
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