Février 2025 – Espérer contre toute espérance…
Alors que tout lui interdisait d’espérer, il a espéré et il a cru, espérant contre toute espérance… Romains 4. 18
L’habitude du désespoir est plus terrible que le désespoir lui-même. Albert Camus.
Nous vivons une époque d’extrême brutalité, ou pour être plus précis, de brutalité assumée, de barbarie moderne. Les temps où les grands de ce monde tentaient de camoufler leur violence, leur soif de pouvoir et de domination sous un voile d’humanisme sont révolus. Le vernis s’est craquelé, laissant apparaitre le pire du cœur humain. Il faut dire que ces « puissants » sont portés par le souffle des peuples qui applaudissent la violence, l’acceptent, la justifient et la choisissent, terrorisés qu’ils sont par un environnement en profonde mutation.
L’état de notre planète, son avenir dans un futur proche ne sont pas non plus des sujets de réjouissance. Nous sommes conscients du mur qui se dresse devant nous et la réponse des décideurs consiste en une accélération effrénée… vers le mur ! Les yeux fermés…
Oui, une bien triste époque… encore aggravée par les situations personnelles douloureuses : la santé, les relations conflictuelles, les finances. L’accumulation de mauvaises nouvelles, l’absence de perspective, nous mettent sous pression et pourraient nous contraindre au désespoir.
Pourtant, tous les bijoutiers le savent ; le velours le plus sombre est le meilleur des écrins.
Dans les ténèbres qui cherchent à nous engluer, l’espérance brille bien plus fort.
Notre espoir, la plupart du temps, est tourné vers la résolution de nos difficultés. Le malade espère la guérison ; le pauvre, un peu plus de richesse ; le solitaire, une belle rencontre. Ceux qui subissent les horreurs des conflits attendent la paix ; la nature en souffrance soupire après un peu d’attention et de respect.
Pourtant, si nous acceptons d’affronter la réalité sans artifices, dans sa tranchante vérité, nous devons admettre que très souvent, ce que nous désirons n’arrive pas.
C’est là que les citoyens de l’invisible Royaume peuvent utiliser un joker, la carte très spéciale de « l’espérance contre toute espérance… »
Nous avons la possibilité de dire, comme cet homme qui attendait du Christ la guérison de son enfant :
« Je te fais confiance, mais viens au secours de mon manque de confiance…[1]
Notre espérance dans la personne du Christ va au-delà de la résolution de nos difficultés. Même en totale désespérance quant à ce que nous vivons, nous gardons l’espérance qu’il nous accompagnera au cœur même de l’épreuve.
Nous sommes complètement découragés et n’arrivons plus à croire que la fournaise, dans laquelle nous nous trouvons, puisse disparaitre. Mais dans un surprenant paradoxe, nous n’avons aucun doute sur son désir et sa capacité à marcher avec nous dans le feu…à nous porter même, dans les passages les plus délicats. Il l’a déjà fait et il le fera encore.
Ne laissons donc pas la noirceur du ciel, les menaces ambiantes, la morosité de l’atmosphère nous imprégner. Nous n’avons pas la promesse d’une vie facile, mais celle d’une présence assurée au milieu du mal et du malheur.
J’aime me répéter cette phrase sublime de Monsieur Bobin : “Je veux bien souffrir, mais je ne veux pas désespérer, je ne laisserai personne éteindre en moi la petite flamme rouge de la confiance [2] ».
Je nous souhaite donc un mois de février brulant d’espérance, même s’il nous faut espérer contre toute espérance…
Philip
[1] Marc 9. 24
[2] Christian Bobin. Le Christ aux coquelicots.
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